Chapitre 2 : Simplifier intelligemment
Une fois cette étape passée, le problème suivant est souvent lié à la difficulté. On se rend souvent compte que pour donner vie à son projet, c’est souvent plus difficile que ce que l’on avait imaginé et c’est là que la plupart des gens décroche. L’astuce que je peux te donner à ce sujet c’est de te poser la question “Comment je peux simplifier la forme, sans altérer le fond ?”.
Si tu souhaites écrire un roman pour la première fois, pose toi la question si l’histoire que tu souhaites raconter ne peut pas être rédigée comme une série de nouvelles ou comme la partie scénaristique d’une BD. Tu trouveras sûrement énormément d’illustrateurs débutants qui n’aiment pas écrire de scénarios et qui rêveraient de signer une BD. Akira Toyirama, avant de créer Dragon Ball, envoyait ses histoires au magazine Shonen Jump pour être publié et se faire un nom, il en est de même pour G.R.R. Martin (Game of Thrones) qui a commencé sa carrière en vendant ses histoires à des magazines de fictions.
Si ton projet est de créer un talk show, n’essaye pas de produire le nouveau TPMP. Prend l’exemple des petits gars de Diggnation ou sur un certain nombre de youtubers : une caméra, un canapé et en option des invités, c’est tout ce qu’il te faut.
La meilleure chose à faire est d’appliquer le principe du lean startup et de réaliser un proof of concept. Les premières critiques, si elles sont constructives, te permettront de corriger les défauts de ton émission, si on reste dans le cadre de la création d’émissions bien évidemment. Il y a quelques années, j’ai contribué à la création d’une web TV et je peux dire que nous avons commis beaucoup d’erreurs. La première a été de vouloir jouer à la chaîne de télévision hertzienne en transposant ses règles sans avoir le budget pour nous y conformer. Nous avons voulu par exemple remplir notre grille de programmation coûte que coûte, ce qui nous a amené à allonger la durée de nos émissions. Résultat : une émission qui aurait pu faire de belles audiences si elle avait duré 20 minutes, est devenue indigeste à regarder avec son format de 2h30. Voici un bel exemple de ce que j’appelle se concentrer sur la forme. Par ailleurs, il aurait mieux valu se concentrer sur une ou deux émissions hebdomadaires qualitatives plutôt que d’en faire dix bâclées par manque de temps.
Une autre chose que m’aura apprise cette expérience, c’est qu’il faut se concentrer sur l’essentiel. Faire du live à l’époque nous coûtait au moins 20 000 € de matériel. Hors, nous aurions pu proposer nos contenus en diffusion différée, nous concentrer sur la qualité et attendre que les outils arrivent pour pouvoir proposer des diffusions lives pour un coût de revient dérisoire. En effet aujourd’hui, il existe des régies softwares permettant de mélanger les flux vidéos issus de plusieurs smartphones par exemple et de les transmettre directement sur Facebook live ou YouTube. De la même manière, réaliser un duplex aujourd’hui en direct d’un évènement ne coûte que quelques données d’un forfait 4g, un smartphone et un micro, sachant que les écouteurs / micro fournis lors de l’achat d’un smartphone peuvent très bien faire l’affaire.
Ce qui est intéressant, c’est que nous ne sommes pas les seuls à avoir fait cet erreur. Le site Allociné, le deuxième site cinéma le plus important au monde après IMDB, s’est lui aussi essayé à la création d’une chaîne de télévision à deux reprises, et ce fut un échec. Pourtant, leurs formats courts tel que FanZone, jusque là diffusés sur leurs sites internet, enregistraient de belles audiences. Après ces échecs, Allociné a réinvesti sur des formats courts et simples sur YouTube et possèdent environ 350 000 abonnés sur sa chaîne principale et 43 800 abonnés sur la chaîne de l’émission FanZone.
Tu l’auras compris, c’est crucial de se concentrer sur le fond afin que ta création ait une valeur ajoutée dès le départ. Sache qu’une première création est rarement réussie et qu’il est pénible pour celui qui consommera ton contenu de s’apercevoir que le résultat est bâclé ou que tu as essayé de produire quelque chose au dessus de tes moyens.
Ne cherche pas à produire un long métrage de science fiction de 2h si tu n’as pas l’expérience et suffisamment d’échecs derrière toi (car o,ui l’échec est plus formateur que le succès). Si tu as l’expérience mais pas le budget, il sera par exemple préférable de produire un magnifique court métrage de 20 minutes.
Morale de l’histoire : les critiques ne sont pas toujours justifiées, ou ne sont pas forcément représentatives de la qualité d’une création. C’est pour cela que je te recommanderai, si tu souhaites créer ou entreprendre, de ne pas forcément faire fis des critiques, surtout aujourd’hui où, sur le web, tu peux être confronté au phénomène des haters voire pire, que ton oeuvre soit jugée par un pseudo-intellectuel / critique d’un magazine bobo.
Ce qui peut-être décourageant, mais qui est au final rassurant, c’est qu’en général, ce que tu produiras ne sera vu que par un cercle très restreint. Tu as donc le temps de publier plusieurs de tes créations et de les peaufiner au fur et à mesure.
Petite mise en garde : lors des modifications que tu apporteras à ton contenu et au fur et à mesure des feedbacks que tu recevras, fais attention à ne pas altérer ton contenu au point de ne plus apprécier le créer.
Je pense en effet que l’une des règles les plus importantes, c’est d’abord de créer ou entreprendre parce que tu as envie de le faire et de le faire à ta manière. Si tu souhaites créer du contenu, pose toi donc cette question simple et répond en toute honnêteté : Est-ce que personnellement j’aimerais consommer ce genre de contenu ? Si la réponse est oui, alors fais le.